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 Le Capitaine [Concours RP Février]

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Aramesu
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Aramesu


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Date d'inscription : 21/05/2010

Feuille de personnage
Carrière(s): Sorcière
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Titres:: Chancellière

Le Capitaine [Concours RP Février] Empty
MessageSujet: Le Capitaine [Concours RP Février]   Le Capitaine [Concours RP Février] EmptyDim 23 Mai - 20:12

Auteur : Aramesu.
Type : OS, j'ai juste voulu raconter la bataille vu des yeux du perdant.

Le Capitaine.



Sa cape rouge se reconnaît de loin, les soldats qui l'ont aperçu se rassemblent derrière ses pas. Il a vu une brèche, ses hommes le suivront. Il rajuste son casque, essuie les gouttelette humides qui brouillent sa vision. Il a fracassé son bouclier lors de la charge. Tant pis, il a toujours été plus à l'aise avec l'épée. Où a-t-il ramassé cette épée ? Il ne s'en souvient plus, le glaive dans sa main dégouline de sang. Sang du frère, sang de l'ennemi ? Son épée, donnée par le Commandant, est restée dans la panse d'un cadavre. Son manteau est déchiré, le cheval qui l'a porté des jours durant agonise en bas, sur la plaine.

Sur la gauche, un piquier chancelant. L'homme est crasseux, une flèche pointe de ses côtes. Ses yeux hagards sont fixés à l'horizon, vers un ciel que lui seul peut voir.

Le Capitaine ne s'est pas demandé si cet homme avait bu avec lui, s'ils avaient partagé une veillée ou une pierre à aiguiser. Il ne peut y penser. Le piquier ne souffre plus, il est parti vers ce ciel qu'il avait entrevu.


La journée est torride. Dans la cour principale, les apprentis ont du mal à tenir droit. Mais, leurs mentons fiers ne laissent rien paraître. Aujourd'hui, les enfants seront des hommes. Les Novices seront Soldats. Les épées de bois deviendront des glaives de bon acier. Et les jeunes pucelles dans les rues salueront les futurs héros. L'un des garçons, un parmi tant d'autres, arbore une Pensée cousue à sa chemise. Blanche, en doux coton, c'est sa première chemise d'homme. Sa mère l'a cousue spécialement pour lui. Elle est venue le voir aujourd'hui, ainsi que Père, et son oncle. Il se tient digne et ne bouge pas. Le regard fier de sa famille le remplit de joie. Mais la présence d'une jeune fille aux longues tresses brunes n'est pas anodine. Ce matin, elle lui donné cette Fleur. Leur premier baiser.


La phalange a réussit à passer aux travers les rangs adverses. Ils sont à l'abri des flèches à présent. Combien ont survécut ? Combien ont fuit ? Il l'ignore, il ne peut pas se retourner, il ne peut pas leur dire Adieu. Les ennemis aussi ont rassemblé leur forces. Les chevaliers et leurs harnois éclatant tentent de tenir les troupes à distance pendant que les cohortes de fantassins se replacent. Sortis des bois, les chevaux et les longues lancent ont enfin chanté leur hymne à la mort. Les phalanges ont été décimées les unes après les autres. Le capitaine sait qu'ils sont acculés. Derrière eux, les ravins, devant, les chevaliers. Une mort de roche ou une mort d'acier.


Dans la petite chaumière, les cris des enfants résonnent depuis l'aube. Les petits glapissement aigus des jumelles qui pourchassent les poules, le bâton du garçon, qui a trouvé un épouvantail, et qui un jour comme son père, sera soldat, le chant de la grande, qui est presque une femme, et qui bientôt tissera une couronne de fleur à un jeune soldat. Dans le potager, une femme avec de longue tresses brunes cueille les navets pour le repas. Avec le temps, des reflets roux sont apparus dans ses cheveux, et quelques mèches blanches. Le temps et le travail ont affaissé ses épaules, mais son sourire est toujours aussi éclatant quand elle regarde l'homme revenir avec les sceaux. Il n'a jamais autant aimé sa femme, il ne l'a jamais trouvé si belle. Il se souvient d'un jeune soldat nerveux à l'idée de danser pour la première fois. Il se souvient d'une jeune femme aux longues tresses tissant une couronne de fleur. Un couple avec une ravissante petite fille qui bâti une chaumière. Il est lieutenant, elle prépare des herbes. Des gens simples. «Des gens de bien ! Oui, Madame, mon flair ne ment pas!» Et puis, le jeune Garand arrive, un garçon costaud. Le digne fils de son père. Et des petites jumelles, espiègles et vives.


Où-est-il ? Qui est l'homme grand avec ces yeux sombres et son étrange sabre ? Pourquoi sont-ils là ? Le capitaine l'a oublié. Il ne veut pas se rappeler. Il ne peut pas. Autour de lui, des bruits de sabot, des voix, qui hurlent, qui pleurent. L'odeur du sang, de l'urine, de la sueur. Devant ses yeux, il n'y a rien sauf cet homme et son arme levée au dessus de sa tête. Le glaive du Capitaine décrit un arc incertain. Quand l'a-t-il eu cette arme ? Un autre geste, un autre choc, une étincelle de métal. Et cet homme, qui tourne autour de lui. Que veut-il ? Pourquoi son flanc est-il douloureux ? Un liquide chaud dégouline le long de ses jambes. Il plonge ses yeux dans les deux gouffres vides de l'adversaire, de l'homme, de son miroir.


Des attaques, des rumeurs, et une autre guerre. Encore des invasions, encore des viols et des pillages. Même le village ne fut pas épargné. Une attaque soudaine durant la nuit. Des ennemis, ou juste des brigands qui voulaient profiter de la situation ? Le Capitaine regarde son fils se tordre de douleur sur son lit. De son épaule, il ne reste qu'un moignon, qui cicatrise à peine. Le garçon ne sera jamais soldat. Le jeune fille qui vendait du miel, et qui lui faisait de si beaux sourires, pleure au chevet du malade. Le Capitaine a juste le temps pour un dernier au revoir. Un geste pour son fils, des baisers sur le front de chacune des filles. Non, des femmes à présent. Et un regard pour sa femme, un long baiser, des paroles réconfortantes de part et d'autres. Des promesses. Une femme de soldat n'a pas de place pour les larmes. Un jeune page tend un bouclier et une épée à l'homme en cape rouge. Dehors, une phalange attend en bon ordre, les chevaux se tiennent droits et les hommes ont le regard lointain. Dans la foule, quelque femmes se soutiennent mutuellement. Les plus jeunes poussent de gémissement blessés pour étouffer leurs pleures. Sous un soleil de plomb, les cavaliers partent vers cette région lointaine qu'ils n'ont jamais vu. Il vont défendre un roi qu'ils ne verront jamais.


Aucun nuage depuis des jours, un air lourd. Le soleil, dardant ses lances de lumières, ne distingue aucun homme dans son jugement. Les rangs des corbeaux attendent patiemment pour finir le travail. Le sang à recouvert la prairie, préparant le festin nocturne. Le glaive tombe de ses doigts sans forces. Ses pieds douloureux glissent sur le sol imbibé d'une terre dont il a oublié le nom. Une terre qui oubliera le sien. Ce n'est qu'un Capitaine, ce ne sont que des hommes. Il n'y aura pas de légendes, ni de chants de ses exploits. L'histoire n'a pas de temps pour ceux qui perdent. Il voulait que son fils devienne artilleur, il voulait aller voir le bébé de sa fille. Peut-être, si le Commandant lui donnait un congé, il aurait amené sa femme à la capitale. Il voulait réparer le toit avant les premières neiges.


Un souffle chaud sur son cou, juste une caresse. Il n'entend pas le râle, il n'entend plus le vent, ni les cris des survivants.

Un fragment du destin frôle ses côtes. Froid, sombre, inéluctable.

Un dernier regard vers l'horizon.

Il meurt.

Enfin.
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