Carnet Oublié [Concours RP Mai]

Jour Prime :

Arrivée près de Warad-Est, pluie drue, routes peu sûres, bonne escorte et bonne auberge. Repas excellent.
L' équipe ne nous a pas attendu pour commencer à monter le camp, les ornières sont faites et les tamis sont déjà balisés. Le convoi qui nous suit n'arrivera que dans deux ou trois jours. Il me reste du temps pour visiter la ville souterraine des Nains et régler les derniers détails. Fidèles à leur réputation, les envoyés du Roi Nain furent d'âpres négociateurs, mais nous avons fini par trouver un accord satisfaisant, pour nous tous.
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J'ai enfin pu parler avec l'un des conseillers de Wondkar. Malgré l'attente interminable dans l'antichambre du Palais. Nous avons été plutôt bien accueillis, les lettres de recommandations de Berguelket et Gwarduf ont fait leur effet, mais pas autant que les lingots d'or que j'ai aligné devant le vieux ronchon. Il faut savoir s'adapter aux circonstances. L'auberge de la ville enfouie mérite bien sa réputation et la cuisine y est succulente ! Dommage que je sois là en mission.
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Il nous a fallut attendre la fin de soirée avant que les guides nains nous amènent au chantier. Derrière les falaises Nord -Ouest, une petite route de cordée à été aménagée pour nous. Le maitre architecte que j'ai recruté à Gwardia nous a fait l'honneur d'une petite conférence sur les entailles dans les falaises. Il pense y voir les restes d'une ancienne place fortifiée. Cela ne ressemble pas à la façon des nains de tailler le roc, et aucun de nos guide ne se souvient que les Nains aient pu bâtir ici. C'est une bonne chose.
Peut-être la trace de cet ancien royaume, ou un autre. Mais des signes d'habitat, c'est ce que je cherchais.
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En contemplant ces pics acérés et ces routes à peine praticables, je comprends parfaitement que des hommes aient pu vouloir bâtir une citadelle ici. Mais l'effort a dû être gigantesque pour eux. Les ruines que nous allons fouillées doivent avoir plus de deux milles ans.

Jour Second :

J'ai pu enfin voir notre lieu de travail pour le mois à venir. Le chantier installé par les nains et les érudits s'étend sur plus de cinq hectare de galeries et de flancs de montagnes. Divisées en trois galeries, les mines de forages s'enfoncent déjà profondément dans le Pic du Vent Hurlant. J'ai bon espoir qu'au moins deux des galeries pourront déboucher sur une salle non effondrée ou un filon peu abimé.
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Cette nuit j'ai encore rêvé d'Elle, cela m'obsède. Je pensais qu'en venant ici mon sommeil serait plus paisible mais il n'en est en rien. Cette nuit, mon rêve m'a semblé si réaliste, si vivant. Je me suis éveillée en sueur, et n'ai pu me rendormir.
C'est comme si Elle voulait être trouvée. Mais c'est impossible.
En le prenant ce matin, j'ai eu l'impression que le fragment de poterie semblait plus lourd et plus «tiède» dans la main.
Tant que le convoi n'est pas arrivé, je n'ai d'autres choix que de prendre mon mal en patiente. Et de tenir le carnet à jour.
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Après-midi, visite de la galerie ouest. Nous avons fait une découverte très prometteuse. Les foreurs nain sont tombés sur une galerie pré-existante. Ils pensaient à une mine naturelle. Cependant, en me baladant à l'intérieur, j'ai pu remarquer certaines traces révélatrices. Je sais désormais comment les anciens habitants ont pu construire dans cet endroit si inhospitalier.
Détail ? Le fragment que j'ai amené avec moi, je ne sais pourquoi d'ailleurs, m'a semblé plus lourd dans la galerie. Un signe ? Mon imagination ?
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Un des jeunes mages qui voyage avec nous a aussi su se rendre utile. Quelque chose a gravé le mur. Des pictogrammes. Les mêmes que ceux du fragment, j'en mettrai ma main aux flammes !
J'espère pouvoir dormir cette nuit, sans Elle.

Jour Quarte :

J'ai mal aux yeux. Mes mains me démangent. Nous avons pu sortir plusieurs calques des «frises» trouvées dans la galerie. Le convoi n'est toujours pas arrivé, et les ouvriers s'ennuient. Ce qui n'est pas notre cas. Surtout le mien.
Je pensais que le langage était le même que celui que j'avais trouvé dans les archives de Gwardia. Mais, il n'en est rien. L'alphabet est le même, ce n'est clairement pas la même langue pourtant. Aurait-Elle changé de camp ou de pays au cours de sa vie ?
Les trois mages que j'ai recruté ne sont d'aucune aide. Ils ne comprennent rien à cette langue et se reposent entièrement sur mes traductions. Grognant et râlant de dépendre d'une femme.
(J'ai envie des le balancer par dessus la falaises plusieurs fois par jour !)
Le maitre architecte se montre bien plus utiles que ces trois prosélytes. Les galeries sont presque entièrement sécurisées et les treuils seront installés demain.
Dans tout ça mon seul réconfort est ce petit passage de pictogramme :
« Al'hem ar darkoz pargen ty r Shar a luc o»

Est-ce Elle ?

Jour Septime :

Le convoi est arrivé. Les treuils fonctionnent à merveille. Et les nains envoyés par le Seigneur Wondkar ont commencé à extraire les roches. Pour l'instant, à part quelques pierres taillées et des bouts de métaux, nous n'avons rien trouvé d'intéressants. Je suis de plus en plus enthousiaste. Les preuves d'une forteresse humaine ou approchant sont flagrantes. Comment ont-ils pu oublier si facilement alors qu'ils l'avaient sous leur nez ?
J'ai fait peur à mon chef de chantier. Ni peigné, ni bien réveillé, j'ai déambulé à travers tout le camp, parlant un charabia étrange. Je n'en ai aucun souvenir. J'ai essayé de parler de cette femme et du fragment aux mages. Ils ne me prennent pas au sérieux. «manque de sommeil» ; «émotivité»... parfois, j'ai l'impression que les choses n'ont pas tant évoluées depuis qu'Elle est morte.
Ces vieilles peaux moisies ont intérêt à vite se rappeler de qui les paie ! Je n'ai pas l'habitude d'être désobéi et je ne compte pas commencer avec ses sauvages occidentaux. Je me demande si c'est un autre symptôme de Son influence.
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Enfin ! C'était tellement évident aussi. La langue des pictogrammes est du nain. Tout bêtement. Il a fallut qu'une panne de parchemin m'oblige à passer une partie de la journée à Warad pour comprendre.
Une ancienne chanson d'ivrogne ma mise sur la voie. Aucun des ouvriers ne savaient ce que voulaient dire le refrain mais ils savaient que c'était de l'ancien nain.
La chanson parle d'une femme très rusée qui défait successivement, un marin, un voleur et un roi trop arrogant. Je me demande s'ils savent. La femme de la chanson, ce ne peut être que Sharrista.

Jour Quin...:

Plume, mon unique amie ! Je n'arrive plus à dormir. Le jour, Elle m'obsède, revenant dans toutes mes idées. Je vois son ombre dans tous les recoins, j'ai l'impression d'entendre son rire dans le vent. La neige, la brise, le chant des oiseaux. Tout reflète sa tristesse. Elle brule d'être trouvée. C'est la promesse qu'elle a faite. La Bataille continue, même au delà la mort.
De nuit, je ne rêve que d'Elle. A peine couchée, Elle m'appelle, irrésistiblement. Elle en dit jamais rien. Elle attend que j'arrive à Elle. Pour me montrer son monde, sa désolation, sa tristesse.
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Je n'ai compris que maintenant. Elle se désolé pour moi et pour ce monde. Sharrista a promis qu'elle n'abandonnerai jamais.
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Nous avons ouvert l'une des salles de l'ancienne forteresse. J'ai failli m'évanouir d'émotion. Parmi les objets que nous avons remontés, j'ai trouvé une armure faite de lamelles de scorpion, un écritoire en jade, et un miroir. J'ignore comment mais je sais que ces objets lui apparentaient.
Je dois avoir une tête horrible, les mages que j'ai engagé à Gwardia frôlent les murs en me voyant.
Mes Soeurs seront contentes de ces découvertes.
......
Pourquoi ? Comment avons-nous pu oublier ? Nos mères, nos soeurs, nos filles devons nous les condamner à l'oubli ? Pouvons-nous abandonner alors que nous même n'avons que mépris et rires ?
Comment ai-je pu t'oublier, ma Muse, ma Sagesse ? Qu'est-ce que la Mort, quand les hommes orgueilleux pillent ce monde, foulant ce sol comme s'il était leur bien ?! Qu'est-ce que leur mépris, quand nous n'avons ni respect, ni droit ?
......

Que pouvons-nous transmettre alors que nous avons perdu l'essentiel ?
Il y a un nouvelle guerre de la Plume contre l' Épée. Si tu as raison Sharrista, s'il reste encore de l'espoir, alors montrons leur que l'Idée peut vaincre le Fer ...

......

Sharrista El'Danred Tyrangyr, Gardienne du Passé, Muse du Savoir.




Je me suis éveillée une semaine plus tard, dans le centre de soin de Warad. On m'a dit que je m'étais évanouie quand les ouvriers ont ouvert la salle du trône. Mes mains sont restées crispée sur mon carnet tous ces jours durant. Les guérisseurs m'ont dit que j'ai beaucoup déliré, serrant ce papier avec désespoir.
J'esquisse un léger sourire. Il y a peut-être un monde nouveau dans ces quelques pages.