L'héritage de Wahibos [Concours RP Décembre]

Une fine brise me balayait le visage tandis que je contemplais le beau paysage qui s'étalait autour de moi. J'étais tranquillement adossé à la statue en forme de tigre, l'air songeur, attendant patiemment que ressorte la personne que j'étais sensé escorter.
Quelques minutes plus tard, je fus interrompu dans ma rêverie par un rugissement de tigre suivi d'un léger tremblement de la statue et je m'écartai aussitôt de celui-ci. La statue laissa lentement apparaître un passage d'où sortit sans surprise celui que j'attendais.
J'ai été long ? Me demanda-t-il d'un air embêté.
A peine une quinzaine de minutes. C'est un temps plutôt court pour recevoir un héritage. Lui fis-je remarquer.
J'ai l'impression d'y avoir passé au moins deux bonnes heures. Mais l'héritage ne se trouve pas ici.
Ah non ?! Il y eu des complications ?
Oh non ! Ne vous en faites pas, votre travail est loin d'être terminé. Rentrons à Gwo, je vous raconterai en chemin.

Pendant que nous nous dirigions au temple de la forêt pour y prendre le portail vers Gwo, Il me raconta son entrevue avec le Kangal de Feu.
D'après celui-ci, son précédent maître avait laissé en héritage sa fonction de Maître de Kangal à un membre de sa lignée et pour cela, il avait enfermé dans un coffre, peu avant sa mort, toutes les connaissances qu'il avait acquises au sujet des Kangals ainsi que la clé qui permet d'obtenir la pierre de Feu.
Il avait ensuite placé ce coffre dans le sous-sol de l'église de Gwo où ne peuvent accéder que ceux ayant accompli le Pèlerinage de Gwo. La clé de celle-ci était bien dissimulée sous l'aile gauche du pégase qui en est le gardien. Seuls les élus pourraient voir cette clé et approcher la bête sans se faire attaquer, ils n'auraient donc pas à le tuer pour l'avoir.
Un autre secret était lié à ce coffre magique : elle s'ouvre bel et bien avec une clé de pégase mais quiconque l'ayant ouvert avec ça n'y aurait trouvé que des objets normaux, l'épée du pégase et un grimoire.
C'est ainsi que le pèlerinage de Gwo était devenu une pratique populaire à laquelle se prêtaient les aventuriers en quête de gloire et de puissance.
Nous étions déjà dans le temple quand il finit de me mettre au parfum.

Wahibos semblait pressé d'en finir. Il partit en premier par le portail et je le suivis en pensant allègrement à ma prime qui allait augmenter si on me confiait la suite de la mission d'escorte.
Cependant, au moment où j'allais m'engouffrer dans le champ magique du portail, un mouvement anormal d'un buisson attira mon attention. Mais je me fis téléporter sans avoir eu le temps de savoir ce que c'était.
Wahibos avait déjà disparu par la crypte menant à Gwo. Je m'apprêtais à le rejoindre mais l'apparition d'un homme m'alerta. Il se figea net dès qu'il me vit mais je ne tains pas compte de son étrange comportement.

Une fois à Gwo, j'étais passé en coup de vent au poste d'accueil de ma guilde pour les informer du suivi de la courte mission qu'ils avaient confiée au débutant que j'étais.
Quelle ne fut ma surprise quand Bertana, la charmante réceptionniste m'annonça sans détours que ma prime resterait la même du fait que la difficulté de la mission n'avait guère changé.
Ca a beau être le Pèlerinage de Gwo, ça n'en reste pas moins une mission d'escorte pour toi mon petit, me fit-elle sèchement remarquer.
Dépêche-toi de faire tes preuves si tu veux plus de considération. Allez du vent !
Je n'opposai aucune objection à son sermon. Pour toute réponse j'ai filé droit vers le coffre à provisions et rapidement fait le plein de potions, après quoi je suis ressorti sans aucun au revoir.

J'étais tranquillement installé sur un banc tout juste à côté de l'église, occupé à rêvasser comme toujours, mais cette fois là, c'était à un moyen de monter en grade que songeais quand je fus interrompu par l'apparition du type que j'avais croisé au temple.
Pour une raison que j'ignorais, je me suis méfié de lui au premier coup d'?il. Il avait l'air bien pressé. Il passa devant moi sans un regard ni de salutation et pénétra dans l'église en trombe.
J'étais tellement captivé par son air bizarre que j'en n'avais pas vu Wahibos arriver.
Alors, vous êtes déjà prêt à ce que je vois ! Dit-il. Je crois bien que nous en aurons pour toute la journée, j'espère que vous avez pris tout ce dont vous aurez besoin.
Oh oui-oui-oui !, ne vous en faites pas ! Répondis-je d'un ton brouillon. Tout est sous contrôle !
Je me dépêchai vite de le précéder dans l'église en espérant que le type louche y soit toujours mais au lieu de ça, on le croisa net à l'entrée. Il faillit nous propulser hors de son passage tellement il était pressé. Il marmonna des jurons en guise d'excuses et si dirigea droit vers la sortie du village.
Le doute s'était alors installé dans mon esprit. Je craignais que cet étrange personnage fût en train d'essayer d'accomplir le pèlerinage avant nous... J'évitais cependant d'en faire part à Wahibos pour ne pas l'inquiéter.
Je feignis d'avoir oublié de remettre un objet important à ma guilde et je parvins ainsi à faire patienter Wahibos un petit moment.
Il fallait vite que je confie mes doutes à la guilde pour qu'ils mettent quelqu'un sur la piste juste au cas où.
Sur le chemin, je croisai Serafin, un vieil ami à moi. Il était tout aussi pressé que moi de faire ses preuves. Nous avions bravé des tas de dangers ensemble et on se partageait presque toutes nos informations. Je décidais alors de le mettre sur le coup au lieu de m'adresser directement à la guilde. Il devait tout simplement surveiller l'entrée de l'église dans les heures qui allaient suivre, à l'affût du type louche que je lui avais décrit avec autant de fidélité que je pus.
Il accepta sans se faire prier et je retournais vite auprès de Wahibos. Nous prîmes la route aussitôt et j'en profitais pour le questionner un peu davantage sur les instructions que le Kangal lui avait données.

Sans surprises, le Pèlerinage dura toute la matinée. C'était ennuyeux et fatiguant. Nous avions prononcé les serments d'usage devant les sept statues disséminées dans Gwo et ses alentours après avoir fait le voeu d'accomplir le voyage du pèlerin à l'autel de l'église. La première se trouvait à la porte du village, la deuxième sur le chemin du temple de la forêt, la troisième non loin du gros chêne magique, la quatrième au temple de la forêt, la cinquième un près de la boutique du marais noir, la sixième sur les hauteurs du chemin qui mène au village crocalien et la dernière au temple même de Crocalia.
L'une après l'autre, les statues avaient brillé d'une lueur éclatante un petit moment, comme un message indiquant au voyageur de passer à la statue suivante.
Je ne manquai cependant pas de constater que la lueur blanche qui en avait émané quand j'avais auparavant prononcé les mots lors de mon pèlerinage était bien différente de celle qui éclatait ce jour là. Celle-ci était plutôt d'un rouge-oranger.
J'avais presque épuisé toutes mes forces en nous débarrassant des monstres des alentours de Crocalia, il faut dire qu'à mon niveau, tuer un Homme-ours ou un Cèrpent n'était pas de tout repos.
Il ne nous restait plus qu'à rejoindre Gwo par le portail de Crocalia. Le coffre en question nous attendait bien sagement au sous-sol de l'église.
Pendant tout ce temps je n'ai cessé d'imaginer différents scénarios faisant agir le type louche que je considérais toujours comme un malfaiteur.

Au moment précis où nous avions franchi le portail, ma baguette magique se mit à vibrer dans ma poche, indiquant que j'avais reçu un message magique. Le message était de Serafin. Il m'avertissait qu'un bonhomme ressemblant à ce que je lui avais décrit venait de pénétrer dans l'église.
J'évitais encore une fois d'alerter Wahibos et je gardais l'information pour moi. Après tout, il ne s'agissait peut-être que d'une coïncidence, avais-je pensé. Mais il fallait absolument que j'en aie le coeur net.
Comme ma mission avait pris fin dès notre retour à Gwo, Wahibos fila tout droit vers l'église, il était impatient de découvrir le trésor qu'on lui avait légué.
J'aperçus Serafin sur le banc à l'entrée et il me fit signe de vite le rejoindre. Nous n'avions que très peu de temps pour penser à une stratégie mais on était d'accord sur le fait qu'il était hors de question qu'on laisse quoi que ce soit arriver à Wahibos. On pénétra à notre tour dans l'église, baguettes à portée de main, guettant le moindre bruit venant du sous-sol.
Tout à coup le mystérieux bonhomme fit son apparition et à part son air colérique, il paraissait tout à fait normal pour quelqu'un qui venait d'accomplir le pèlerinage de Gwo, mais sous l'effet de la surprise ou de je ne sais quoi, on lui pointa tous les deux nos baguettes au nez. Il se figea net et semblait désemparé.
Qu'est-ce que cela veut dire à la fin ? S'agirait-il d'un vol ? De toute façon je n'ai même pas réussi à l'achever, ce foutu pégase !
Serafin moi échangeâmes un regard puis le son de nos éclats de rire retentit dans l'église. Notre victime cependant ne trouva nulle part matière à rire, il me sembla même qu'il devint rouge de colère et prononça des jurons qui ne parvinrent jamais à nos oreilles.
Après qu'on se soit calmé, il ne chercha même pas à comprendre la raison de notre fou-rire et sortit de l'église en marmonnant des jurons encore et toujours mais cette fois on parvint à entendre ses derniers mots juste avant qu'il ne sorte : ...peut même pas accomplir son pèlerinage en paix ! c'est odieux!...

Wahibos refit surface quelques minutes plus tard, un large sourire s'affichant sur son visage, il avait apparemment mis la main sur son héritage.
Quant à Serafin et moi, nous avions encore du mal à nous retenir de rire de la scène qu'on venait de vivre et toute la guilde allait bientôt être au courant car c'était l'heure du déjeuner à Subirion...